Un dispositif pour vivre une expérience d’écriture

Le ciel est bas, les arbres se découpent sur un fond laiteux. Ce matin les étudiants travailleurs sociaux, confrontés à une session d’écriture, entament leur deuxième journée.

La question que je me pose est comment les mobiliser au-delà d’exercices et créer une émulation de groupe.

Pourquoi vouloir créer cet engagement ?

Peut-être tout simplement afin qu’ils sortent du cadre scolaire et vivent une expérience structurante professionnellement et personnellement.

J’ai choisi un DISPOSITIF simple faisant alterner des temps d’écritures individuels et collectifs.

Il se décline en cinq étapes :

  1. Travail d’écriture individuel avec une carte postale :

Je distribue une carte postale, choisie au préalable, à chaque personne.

La consigne est d’écrire une carte postale, en s’inspirant de l »image et de son contexte (date, lieu, genre…). Il s’agit d’imaginer une situation, des personnages.

Chacun montre et lit sa carte.

  1. Écriture d’un scénario :

Les étudiants se placent en 3 groupes de 4 personnes.

Je choisis 3 cartes et leur propose, en groupe, d’écrire un scénario à partir d’une des cartes postales qui leur est distribuée. Ils doivent inventer 4 personnages.

Lecture des scénarios. Chaque groupe a un cahier dans lequel il place la carte postale et consigne par écrit le scénario.

  1. Mise en scène d’un scénario :

Ils font tourner le cahier. Et chaque groupe va mettre en scène une histoire. Elle est notée dans le cahier correspondant.

Les histoires sont jouées, mises en scène. Pour chaque représentation, un groupe sera rapporteur (c’est celui qui n’aura pas encore travaillé sur l’histoire en question). Les personnes auront chacun un rôle : noter les dialogues, décrire le non-verbal…

  1. Écriture d’un texte à partir de notes prises lors d’une représentation théâtrale :

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Chaque détail est important, les mots peuvent prendre un sens différent, la description d’un corps prend de l’épaisseur, un personnage quelconque devient alors central… Les étudiant ont la liberté de réinterpréter à leur manière cette scène théâtralisée. Ils peuvent y scruter un détail, ou y puiser l’essentiel. À leur manière, ils vont écrire un texte. Au final, trois textes sont rédigés, fruit du travail de l’ensemble des étudiants, car chaque étudiant aura mis sa pierre à l’édifice dans une des étapes d’écriture.

  1. Lecture des textes et analyse :

À la différence des autres temps de lecture à voix haute, je choisis de faire réagir les étudiants sur chacun des textes lus. Ils commencent par lire deux fois le même texte, afin qu’on prenne le temps de le découvrir.

Je pose trois questions, auxquelles on va répondre tour à tour :

  • Quelle est la forme du texte produit, où le situerais-je dans la littérature, à quel auteur me fait-il penser ?
  • Qu’est-ce que je ressens à sa lecture, quel sens fait-il pour moi ?
  • Deux relectures sont faites et cette fois je fais complètement abstraction de l’historique de ce texte, des différentes couches qui l’ont composé (c’est-à-dire qu’il soit issu d’une carte postale, d’un scénario, d’une mise en scène). Et vierge de cela comment je le reçois ?

Ce dispositif a permis des interactions entre les étudiants et au-delà de l’écriture collective ce sont des personnes qui ont fait connaissance, qui ont échangé. La diversité des supports utilisés a donné la possibilité à chacun d’être présent et à un collectif de se constituer.

La neige n’est pas encore tombée, on l’attend. On se quitte, et cette séquence « nous a permis de nous évader tout en nous recentrant sur nous-même. », voilà ce qu’expriment les étudiants.

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